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mercredi 2 mai 2018

Réordonner le monde 2

Municipales, une caricature de la démocratie




Ce n’est pas la démocratie qu’on cherche en Tunisie, mais une caricature au mieux. Ce n’est pas l’État de droit qu’on ambitionne, mais bien plutôt un État de similidroit.

La démocratie étant déjà en crise en Occident où il y a bien longtemps qu’elle ne se réduit plus à l’acte électoral, on continue pourtant à vouloir tromper le peuple en prétendant qu’il lui suffit de voter pour être en démocratie. Et peu importe dans quelles conditions ! Les élections ne sont-elles pas organisées par une instance supposée indépendante, dit-on ?

L'encre électorale ou l'absence de l'indépendance de l'ISIE

Oui, supposée seulement, car on continue dans ce pays à user de simulacres et de tromperie. En effet, si l’ISIE était vraiment indépendante, se serait-elle déjugée en étant amenée à utiliser la honteuse encre électorale sous la pression de qui a intérêt à commercialiser ce stigmate de sous-développé ?

Après avoir attesté, par une décision se voulant souveraine, que l’encore était inutile et nécessite des dépenses dont on peut faire l'économie, l’ISIE a cédé aux pressions de qui tient à user de cette supercherie pour faire croire au vote honnête.

En effet, l’encre ne sert à rien quand on use de listes électorales. Son utilité est juste de détourner l’attention des réelles tentatives de triche qui peuvent se faire jour, outre de ne bénéficier qu'à ceux qui la commercialisent en plus de marquer au fer rouge l’électeur comme on le ferait du bétail.    

Or, consciemment ou inconsciemment, c’est ce que refuse le Tunisien qui, de plus en plus, ne voit dans l’acte de voter qu’un simulacre pour donner une plus grande légitimité à qui est assuré d’avance, mode de scrutin oblige, de remporter ces élections. Car le scrutin choisi est le plus mauvais pour la Tunisie, et est taillé sur mesure sur les ambitions des grands partis.

Des élections au service des grands partis

Au vrai, pour gagner à être crédibles, ces élections auraient dû être organisées plus tôt, au début du processus électoral et démocratique en Tunisie. L’état déplorable dans les villes l’imposait. Malgré cela, on a pensé qu’il fallait  entretenir un tel chaos afin de magnifier le travail, même quelconque, des équipes municipales qui seraient élues plus trad.

On sait que quand on revient de loin, n’importe quel résultat est bon à prendre, étant même un succès éclatant. Que dire quand ce sont les équipes des grands partis, et ce qu’elles se présentent à visage découvert ou sous fausse appellation d’indépendant ?

Car l’indépendance dans ces municipales est un mythe. Elles ne font que cacher  les  ambitions des partis, surtout les deux plus grands. De plus, comment parler de pouvoir citoyen en ces municipales quand on a soigneusement tout fait pour que la législation scélérate de la dictature reste en l’état?

Ainsi, sept ans après la chute de l’ancien régime, le pays est toujours régi par les lois de la dictature au point que le peuple a acquis une certitude qui fonde sa désaffection pour le vote de dimanche prochain.

Cette certitude imparable est que sa révolution a été confisquée par les profiteurs qui cherchent à ajouter à la dictature supposée abolie une seconde de type religieux. Comment alors vouloir une participation élevée au vote ?

Une désaffection pour la politique politicienne

On l’a déjà vu avec les sécuritaires; la participation a été risible et sera encore plus amplifiée le 6 mai. Car, quoi qu'on dise, le Tunisien ne veut pas confirmer l’image qu’on veut donner de lui. Il ne veut plus être taxé de naïf, gobant tout, acceptant les avanies les unes après les autres, y compris d’être marqué au fer rouge du sous-développement électoral par la honteuse encre qui n'a droit de cité que dans les pays arriétés et les dictatures.

 C’est que l’encre électorale est bel et bien une honte, d’ailleurs utilisée dans certains pays, comme en Égypte, en preuve de participation sous peine de sanction. En Tunisie elle justifierait une rallonge de la récompense promise par l’argent sale. Comme si le Tunisien doit être objet de marchandage, se faire acheter et se vendre, et à vil prix, qui plus est !

Aujourd’hui, en l’état des prévisions de plus en plus pessimistes quant à la participation, on réalise mieux le désarroi des démocrates ou supposés tels, dont certains seraient même prêts à aller dans le sens du vote obligatoire. Comme si la démocratie doit se commander, être une obligation, comme l'est un ordre dictatorial. Qu'est-ce qui les distingue alors ? Ce qui ne ferait qu'aggraver cette caricature d’une démocratie devenue nue. Une nudité ne faisant que détourner les regards, non par pudibonderie, mais pour l'absence de beaux atours, excitants à voir.

La réforme législative impérative

Au lieu de songer à de fausses solutions, n’est-il pas temps de'envisager sérieusement à refonder cette démocratie pervertie en commençant par s’attaquer à ce qui lui donnerait consistance et vitalité, à savoir les lois justes et équitables ? Que l’on commence donc par mettre en vigueur la constitution en abolissant toutes les lois scélérates qui la tiennent encore lettre morte !

C’est ce dont ne veulent ni les islamistes ni leurs alliés supposés, mais à tort, modernistes. Les uns et les autres ne se soucient que du pouvoir et de ses délices. Le choix des islamistes est même désormais de l’exercer enfin seuls, ce qui suppose de réussir dans les villes à préparer un succès voulu total en 2019 à la présidentielle, à laquelle se présentera Ghannouchi, mais aussi et forcément aux législatives.

En somme, les municipales du dimanche 6 mai, telles qu'envisagées par Ennahdha et Nida, ne feront que sceller un nouveau partage de pouvoir. C’est ainsi que le parti islamiste acceptera de se replier sur les municipalités, y occuper leurs troupes, disent-ils, et laisser gouverner seul ou presque leur rival. Ainsi pourra-t-il, par exemple, passer ses réformes symboliques, dont le projet présidentiel portant sur l’égalité successorale. 

C’est à ce nouveau compromis politique qu’on assistera à l’issue de cette caricature de démocratie que sont des élections municipales. C'est bien pour cela qu'elles n’intéressent que les accros au pouvoir et non ceux qui se soucient vraiment du sort de la patrie et du peuple. Aussi ce dernier est-il  de plus en plus sévère avec les fausses manifestations d’une démocratie voulue plus que jamais en une arnaque et donc nécessitant refondation.

 Publié sur Huff Post