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I-SLAM : ISLAM POSTMODERNE








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mardi 10 octobre 2017

Tunisie, mon amour 3

Baiser interdit, test anal… la Tunisie qu’on n’aime pas!



La Tunisie est loin d'être le pays au peuple qui sourit; ce sourire est devenu une grimace du fait de lois scélérates qui prévoient la prison pour des actes innocents, comme un simple baiser entre amoureux dans une voiture à l'arrêt.

La Tunisie qu'on veut, aujourd'hui, présenter en modèle de la transition vers l'État de droit — on parle même d'Exception Tunisie, titre d’une trilogie parue à Tunis —, présente un visage hideux.  Sa société, hédoniste dans l'âme pourtant, croule sous le poids de lois scélérates, toujours en vigueur, figurant la résilience des tares du passé colonial et de la dictature. Illustration en a été apportée par la récente condamnation à la prison ferme d’un Franco-Algérien pour un baiser échangé avec sa copine tunisienne dans leur voiture bien à l'arrêt, à l'abri des regards sauf ceux de la police aux aguets.
Part d’ombre d’une société libertaire  

Il y a eu certes la révolution du jasmin en Tunisie, ce coup du peuple manifestant les attentes démocratiques des masses; mais les responsables au pouvoir, les islamistes et leurs alliés supposés modernistes, veulent en faire désormais un simple coup d'épée dans l'eau. 
Car les menées occultes politico-économico-idéologiques qui ont veillé à canaliser la volonté populaire pour le changement et ses aspirations légitimes à des droits et des libertés, mérités qui plus est, semblent réussir à imposer leur volonté du maintien dans le pays de la législation de la dictature. Et on y ajoute une seconde dictature encore plus honnie, étant immorale tout en se prétendant morale, se faisant au nom d'une religion violée dans sa lettre et ses visées.
Certes, ce n'est pas nouveau, l'islam ayant été déjà instrumentalisé par la dictature qu'on a crue déchue; mais il est aujourd'hui érigé en dynamique de négativité, une oeuvre d'émasculation d'un peuple jouissif par nature depuis la nuit des temps. On se rappelle bien ce qu’on disait de ses ancêtres, les Carthaginois.
Les forces obscurantistes agissant dans le pays puisent, bien évidemment, dans un fonds de religiosité vivace chez une minorité activiste, mais elles sont non religieuses aussi. Les deux composent ces équipes que l’actuel seigneur du monde a veillé à mettre au pouvoir au service de ses ambitions de courte vue, une politique de gribouille au Moyen-Orient. Ainsi sert-il ses visées au Maghreb en se souciant comme d'une guigne de la solidarité devant marquer désormais et nécessairement les rapports mondiaux. 
D'où une politique saugrenue, rappelant ce qu'avait déjà spécifié, pour le monde occidental, Max Weber décrivant les sources protestantes du capitalisme qui, se voulant de plus en plus sauvage du fait des excès matérialistes de notre monde, a l'ambition de faire de la Tunisie tout juste un marché où il renoue avec les libertés dévergondées qu'empêche ou limite l'État de droit en Occident. Cela se manifeste par son alliance avec l'islam intégriste dont la vision stratégique se limite au pouvoir et à son exercice au service de ses vues obscurantistes, et ce en usant de l'outil économique réduit à un faux libéralisme, affairiste, sans foi ni loi. 
Or, le vrai libéralisme commence par les moeurs. Ce que l'islam politique, en Tunisie comme ailleurs, s'évertue à ne pas admettre malgré un discours de circonstance destiné à tromper ou à contenter ceux en Occident dont la conscience est trouble ou troublée.
Une Tunisie légale homophobe 

La question de l'homophobie est bien une excellente illustration d'un tel tropisme politico-idéologique de la part de ce faux islam politique libéral tunisien. J’en parle volontiers pour son aspect symbolique et sa charge contestataire de la moraline intégriste et de l'aveuglement occidental à ses propres valeurs.
Les uns et les autres jouent et se jouent d'une soi-disant lecture modérée de la foi musulmane  afin de tromper. Aussi les faux dévots islamistes de Tunisie et d'ailleurs sont-ils extrêmement gêné par la thèse de plus en plus développée quant à la licéité en islam de ce que je propose de qualifier homosensualité pour déconnecter le faux lien de l'homosexualité avec le sexe qui est bien plus que cela : de l'amour et de la sensualité en premier.     
La meilleure façon pour les islamistes tunisiens, s'ils s'avèrent sincères — et pour démontrer un sens démocratique dont il y a tout lieu de douter faute d'actes tangibles, malgré leur ramage  — est bien de le démontrer en cette matière avant tout autre, du fait de sa nature sensible à la lisière du sacré. En effet, l'homosensuel ou gay est bien le symbole absolu de l'autre, ce différent qu'on refuse et qu'il importe plus que jamais de respecter, en reconnaître les droits. Il est le différent à honorer en terre d'islam au vu des avanies et des drames faits à tort à une minorité sexuelle qui, au vrai, n'est pas aussi minoritaire qu'on le croit, le sexe tunisien étant total, holiste comme on dit. 
Le respect des droits gays est d'autant plus impératif dans un pays comme la Tunisie qu'elle est située aux portes de l'Europe, et se voulant démocratique (ou démoarchique selon mon néologisme), donc plus guère daimoncratique, l'État du pouvoir des démons de la politique auxquels s'ajoutent désormais les démons d'une religion viciée, une foi diabolique en somme.
La licéité du sexe en islam, notamment gay,(1) tout comme celle de l'alcool au reste, (2) ne fait plus de doutes aujourd'hui, sauf pour qui ne veut pas reconnaître cet aspect reluisant d'un islam qui fut, par le passé, une foi des lumières en ces temps obscurs qu'étaient le Moyen-Âge pour l'Occident. Aussi l'homophobie en Tunisie est-elle une tare à corriger, car représentative non seulement du régime honni de la dictature, mais aussi de celui du protectorat.
En effet, la loi qui brime les innocents gays, le fameux article 230 du Code pénal, est un texte colonial. Jamais auparavant, le sexe gay n'a fait l'objet d'une prohibition formelle au pays; il relevait certes du non-dit, mais il était, à ce titre justement, ignoré dans l'espace public; il était même fréquent et admis dans l'espace privé, comme il était chanté au temps de gloire de l'islam. C'était en quelque sorte la parole du silence, parole du corps tout en sensualité. C'est ce que je nomme érosensualité. (3)
Encore de nos jours, mais en catimini désormais, l'homosexualité/homosensualité est toujours pratiquée dans la société, même si on y affecte l'homophobie par peur des lois scélérates. C'est ce que je qualifie de jeu du je. De fait, le sexe en Tunisie, le sexe arabe et amazigh en général, mais aussi en Occident avant que n'y triomphe la pastorale chrétienne, est bisexuel, conforme à ce qui existe dans la nature où c'est la bisexualité qui est la plus répandue. 
Abolir d'urgence les lois scélérates 

La loi coloniale homophobe, comme tant d'autres moins symboliques, défigure l'image radieuse d'une Tunisie qui fut jadis souriante avec son peuple connu jouisseur, aimant croquer la vie à pleines dents. Elle s’ajoute à d’autres, aussi antiques qu’obsolètes, auxquelles tiennent les élites au pouvoir, déconnectées des réalités du pays réel. Plus que jamais, il est un commandement qu'impose la detinée libérale du pays : la libéralisation des moeurs qui sont déjà, au demeurant, libres mais à bas bruit, incongnito. C'est la nature de la Tunisie d'être un pays sans bruit, reconnaissent les sociologues avertis. 
L’état actuel de falgrant divorce entre le pays réel et légal est aussi à mettre à la charge d'un Occident de plus en plus présent dans le pays, y imposant ses diktats libéraux, tout en les limitant sans raison valable à l'économie, croyant sur parole ce qu'on dit de faussetés sur le mythe du conservatisme social. 
Il est évident que si cet Occident, autiste à ses propres fondamentaux et à ses intérêts sur le long terme par un tropisme capitaliste sauvage, osait rappeler ses valeurs humanistes à ses partenaires tunisiens, aucune loi scélérate de l'ancien régime dans le domaine des moeurs ne résisterait à un tel mythe excipé par les dirigeants pour excuser leur impéritie en matière de libertés et de droits privatifs.
C'est que leur absence est, pour eux, la garantie de la mainmise sur une société qui leur échappe de plus en plus avec une contestation jamais aussi grande que de nos jours des privilèges indus des minorités au pouvoir. Aussi use-t-on éhontément de la religion, cet opium du peuple, pour faire croire à une société refusant ce qu'elle exige pourtant de la façon la plus éloquente, vivant librement ses mœurs malgré l'environnement répressif. Et elle est donc forcée de le faire clandestinement, en voyou qui se cache, alors que les bandits sont ceux qui se servent de lois illégitimes pour brimer un peuple bon vivant.
Outre la thématique clef du refus du différent absolu qu’est l’homophobie, dont la base légale est l’article 230 du Code pénal, la législation de la honte en Tunisie qu'il est impératif d'abolir porte sur bien d'autres domaines et textes dont ceux ayant amené aujourd'hui le scandale du bisou : les articles 226 et 226 bis du même Code. Comme le reste, ils se présentent en une garantie bien illusoire de la moralité publique, de la pudeur et des bonnes moeurs, puisqu'ils violent, bien au contraire, la vraie éthique.  
Tout d'abord, bien évidemment, il y a la fameuse question de l’égalité successorale dont on ne fait que jouer, en faisant un pur enjeu électoral au lieu de la réaliser sans plus tarder. C’est ce que semble faire le président de la République, agissant à l’ancienne en créant une commission destinée à enterrer la question au lieu de proposer un projet de loi, et qui existe bien ! Il s'agit d'un texte consensuel qui présente l’avantage d’être immédiatement réalisable. (4) Bis pis, on continue à la présidence d'imposer le voile à la femme de par le protocolelde Carthage (5) lors de la prestation du serment par les hauts commis de l’État. N’est-ce pas une preuve suffisante de la volonté présidentielle de ne vouloir pas reconnaître ses droits à la femme pour sa parfaite égalité au fallacieux prétexte religieux ?  
Or, en cette matière comme en celles de la pudeur et du sexe, on fait une fausse lecture de la religion. Il a ainsi été démontré que la saine compréhension de l’islam est qu’il commande la parfaite égalité et ne l’interdit nullement. Par ailleurs, on a prouvé que la vraie pudeur en islam ne s’impose pas par la force, devant être spontanée, issue d’un sentiment personnel se manifestant par l’exemple à donner et tolérant pour ce qui choque, imposant tout juste d'en détourner le ragard, veillant à administrer l’exemple parfait de la maîtrise de soi. Et quelle plus belle maîtrise de soi que celle qui se fait sans nulle contrainte, en un milieu de libertés totales ? C'est ce que la morale soufie a prouvé et prouve; elle est le vrai islam, celui devant prendre sa revanche en Tunisie sur l'islam judéo-chrétien actuel. (6)
Faut-il rappeler, à ce propos, qu’avant d’être altéré par la tradition judaïque qui dominait en Arabie, l’islam s’est voulu issu de la plus pure tradition arabe qui n’était point pudibonde, (7) son acte le plus sacré, le pèlerinage de La Mecque, se faisant nu par femmes et hommes confondus? D’ailleurs, cela a résisté à la judaïsation de l’islam jusqu’au lendemain de la première année de la religion triomphante, le premier pèlerinage s’étant fait avec la nudité de tradition des pèlerins autour de la Kaaba.
Répondre aux attentes d’une société en ébullition      

La société tunisienne est en ébullition, refusant plus que jamais la limitation de ses droits et libertés reconnus par une Constitution demeurée lettre morte. Un signe qui ne trompe pas : son désintérêt, surtout celui de ses jeunes, pour les élections municipales qu’on s’obstine à vouloir organiser alors que le cadre législatif est demeuré le même, celui du régime déchu ! (8) On l’a vu surtout avec la crise de l’Instance supposée indépendante chargée des élections, étant loin de l’être, ce qui aggrave les suspicions populaires à l’égard de la classe dirigeante. (9)
Le peuple de Tunisie rejette de plus en plus ses dirigeants et la démocratie au rabais qu’on lui propose. Il n’accepte surtout plus les brimades que subissent quotidiennement ses jeunes du fait d’un environnement légal vicié auquel échappent les vrais malfaiteurs, privilégiés du pouvoir, contrebandiers, corrompus et terroristes mentaux. 
Plus révoltée que jamais, la jeunesse tunisienne se donne comme elle le peut une raison de vivre, démontrant sa maturité pour mériter la considération, quitte à le faire de la pire façon : sur les champs de traverse. Elle se tue volontiers au fond de la Méditerranée à vouloir rallier ce que fut et reste un Eldorado, cette Europe toujours préférable à l'enfer africain, ou encore mieux se laisser tenter par le coup de feu sur les terres d'Orient ou celles de son propre pays. L'excès n'appelle-t-il pas un excès encore plus grand ? (10)
Il n'est plus possible, en Tunisie comme pour l'Occident, de continuer à fermer les yeux sur les tares qui rongent la société tunisienne du fait de l'impéritie des gouvernants. Au mieux, il s'agit d'un dégât des eaux, ou même un incendie dans l'immeuble méditerranéen; on ne peut s'en désintéresser, laisser le seul habitant de l'appartement Tunisie le gérer; il y va de la sécurité de l'ensemble de notre immeuble planétaire !
S'il est difficile de lutter efficacement contre la corruption généralisée et les diverses injustices liées à un désordre mondial imposé au pays de par les vicissitudes de l'histoire, il n'est nullement impossible d'abolir les textes moyenâgeux, comme ceux d'atteinte à la pudeur ou légalisant l'homophobie et son corollaire le test anal. Un projet de loi (11) ambitionnant de rationaliser la protection de la morale et de la pudeur publiques vient, au reste d'être proposé par la société civile.11 
Dans cette attente, on peut judicieusement commencer par l'interdiction sur le sol tunisien de la pratique du test anal, et son jumeau le test de virginité, dont la disparition ne nécessitent même pas une loi et entraînera assurément ispso facto l'obsolescence du texte homophobe devenant difficile sinon impossible à appliquer. Ce qui initiera au plus vite une révolution mentale salutaire et inévitable
Il urge d’oser sortir la Tunisie de ses turpitudes actuelles, dont la cause est surtout légale, avec, outre l’interdiction du test anal : l’autorisation du baiser en public, la liberté du commerce et de consommation d’alcool, y compris vendredi, l’exclusion du cannabis de la liste des stupéfiants et la reconnaissance du droit au sexe entre adultes consentants de sexe différent ou de même sexe. 
Contrairement à ce que diraient les mieux intentionnés, à savoir que cela ne représente pas les vraies urgences du pays, de telles mesures ne seront nullement anodines et auront un effet porteur des plus grands bénéfices sur tous les plans, car touchant le non-dit, de faux tabous, des sujets sensibles abusivement érigés en sacralité. Aussi, cela débloquera fatalement les mentalités figées sur une lecture périmée de l'islam, lecture intégriste et fausse qui plus est, antinomique du vivre-ensemble démocratique.
Il est bien vrai que le niveau de vie, les droits au travail, à circuler librement, et d’autres droits économiques et politiques sont tout aussi importants et même plus pour le Tunisien; toutefois, de telles questions légitimes ne peuvent se traiter aussi facilement que les sujets évoqués ici et sans avoir leur charge symbolique dans l'imaginaire populaire et l'inconscient collectif, et dont la réalisation ne tient qu’à un texte juridique : une loi, un arrêté même ou juste une circulaire.
On sait le parlement réticent à proposer et voter les projets de loi salutaires proposés par la société civile, alors que dix députés suffisent à l’initiative de la loi; mais le gouvernement peut bien passer outre et avancer — pour amorcer la pompe comme on dit — les projets proposés sur ces questions : égalité successorale et abolition de l’homophobie ou le tout dernier en matière de rationalisation de la protection de la morale publique pour ne plus avoir d'autres scandales du bisou à l'avenir.
Bien mieux, le chef du gouvernement est parfaitement en mesure d’agir en contournant le parlement pour le forcer à sortir de son inertie. Outre les arrêtés de ses ministres de l’Intérieur et de la Justice pour ne plus harceler les jeunes et ne plus les poursuivre pénalement, il pourrait, par circulaire, outre l'interdiction du test anal, exclure le cannabis de la liste des drogues interdites sur le territoire tunisien.  
Il est bien temps de cesser de violer le droit et la foi en leur nom. C'est l'épreuve à assumer par les justes, en Tunisie et en un Occident devant faire montre de cette force d'âme que commande son statut actuel, faisant taire ses démons matérilaistes et islamophobes. La paix en Méditerranée, l'avenir des rapports entre les cultures et une saine compréhension du libéralisme en dépendront pour une grande partie.                                      
NOTES     

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3

4

5

6

7

8

9

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Publié, légèrement modifié, sur Contrepoints sous le titre :
Cette Tunisie qui devrait lutter pour sa liberté