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mardi 2 mai 2017

Pharmakos diplomatique 6

Vers l'État composite



Avec les événements de Tataouine, certaines voix crient à la déliquescence de l'État, n'ayant  en vue que la notion dépassée de l'État autorité centralisé; or, la véritable autorité de l'État bien structuré est celle de son peuple. C'est la confiance de ce celui-ci dans ses autorités qui fait l'autorité de celles-là.
L'État contre la société ?
C'est une partie du peuple tunisien qui prend le pouvoir dans le sud du pays. Aussi, le problème n'est pas si ce qui s'y passe est bon ou mauvais pour l'autorité étatique, mais pourquoi cela a lieu et comment faire en sorte que cela profite à la patrie. Ce qui veut dire ce qui fait l'État sain : le peuple dans sa majorité et ses responsables dans leur diversité.
L'autorité de l'État ne peut plus se réduire à celle des minorités privilégiées au pouvoir; cela est de moins en moins possible en Tunisie. On le mesure bien avec la multiplication de centres de décision et de maffias diverses.
 Ce qui est malsain, mais pas plus que ce dont souffrait le pays sous l'ancien régime. Cela serait même plus sain s'il devait augurer d'une évolution des moeurs politiques dans le sens d'une décentralisation véritable du pouvoir et d'une plus grande autonomie pour les régions et les localités, une démocratie participative.
Certes, et c'est là où le bât blesse, les forces agissantes au nom des principes ci-dessus rappelés nourrissent la même vision autoritaire du pouvoir que les forces contestées : une conception manichéenne des choses, une instrumentalisation de la colère légitime des populations pour des revendications politiciennes et idéologiques dogmatiques et surtout le rejet de l'État de droit.
Or, un tel État de droit n'est pas envisageable en Tunisie. Il ne le serait que si le pays venait à être articulé à un système en place, ayant fait ses preuves en matière de droit souverain, soit celui de l'Union européenne.
Celle-ci, il est vrai, est actuellement en crise, sa vision du monde, qui a bien changé, étant devenue obsolète. Mais une future ouverture à la Tunisie, et plus généralement aux pays du sud de la Méditerranée accédant à la démocratie, lui permettra assurément de refonder ses structures dépassées et sa conception antique des réalités du monde en lui donnant une nouvelle ambition.
Un Espace méditerranéen de démocratie
Il est un nouvel ordre au monde en gestation, l'ancien étant périmé; et c'est sur de nouvelles bases que cela se fera qui ne peuvent être celles du siècle dernier. Car la mondialisation ne peut se limiter à une globalisation des intérêts des plus puissants, mais muer en un partage dans une solidarité réelle, un monde d'humanité, une mondianté.   
Pour cela, la Tunisie ne saurait échapper à la fatale marche du temps vers une intégration plus grande, franche et sans arrière-pensées, à son milieu naturel méditerranéen. Aussi doit-elle oeuvrer pour devenir membre de l'Union européenne dans le cadre d'un Espace méditerranéen de démocratie auquel elle appellera d'urgence en se fondant sur sa propre expérience de transition démocratique.
C'est cela qui pérennisera cette expérience en la faisant réussir. Sinon, la Tunisie sera aspirée par le grand capital mondial, ce capitalisme sauvage qui s'est allié à la plus mauvaise mouture de l'islam, sa lecture intégriste, pour transformer le pays en un souk pour ses affaires.  
Plus que jamais, l'État national en Tunisie se doit de savoir évoluer vers ce que j'appellerais État composite, reprenant l'expression de Paul Pascon pour les sociétés maghrébines, marocaine plus particulièrement.
L'État composite est la physionomie de l'État postmoderne, aux formes plurielles, antagonistes même, travaillé par des rapports de forces accentués, inégalitaires, mais complémentaires et inévitables. Cela le force à un continuel ajustement aux intérêts des masses, une adaptation aux exigences du plus grand nombre.
C'est ainsi que l'État du nouvel ordre mondial en construction, surtout au sud de la planète, assumera et reflètera la diversité intrinsèque du réel s'imposant mondialement, esquissant les linéaments d'un futur gouvernement mondial qui soit composite aussi.      
Publié sur Huff Post