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mercredi 29 mars 2017

Pharmakos poléthique 4

Homophobie, alcool : illégitime religiosité rampante


  


L’arrestation, récemment, d’un cinéaste connu en Tunisie et dans le monde est une nouvelle illustration du pouvoir moralisateur qui entend contrôler le pays. Sur fond de guerre larvée contre l’alcool, cette nouvelle violation de la Constitution irrite au plus haut point tous les démocrates en Tunisie et dans le monde, soucieux du respect de l’État de droit. Car il s’agit d’une atteinte flagrante aussi bien au droit qu'à la foi.

Quand on bafoue la loi des hommes et de Dieu

C'est aussi une violation caractérisée de la vie privée. Ainsi, pour appliquer cette loi devenue illégale et illégitime qu'est l’article 230 du Code pénal, la police a été amenée à violer déjà la loi en portant une atteinte flagrante à  la vie privée et en bafouant l’intégrité humaine.

En effet, les forces de l'ordre ont fait le constat de flagrance… au domicile du cinéaste. Or, il n’y avait même pas de raison, le rapport sexuel étant consenti entre deux majeurs, à l’abri des regards qui plus est. Cela veut-il dire que le Tunisien n’a plus le droit d’être libre chez lui ?

La police, au lieu de s'appliquer ainsi à violer ainsi l'intimité des gens, n'aurait-elle pas mieux fait de la protéger et de s’occuper des délinquants qui troublaient l’ordre public au motif d’amener à l’interdiction de la libre vente d’alcool ?

Une telle flagrante violation du droit et de la morale a été aggravée par l’incarcération du cinéaste et de son compagnon et de la décision de les soumettre au moyenâgeux test anal. Car une telle indignité est toujours en usage en Tunisie bien qu’elle ait été dénoncée et mise à l’index par toutes les consciences libres. 

Elle est induite du maintien en l'état du honteux article 230 du Code pénal, cette survivance du protectorat et illustration du maintien de l’ordre manichéen de l’ancien régime. Jusqu'à quand le nouveau régime doit-il maintenir la législation de la dictature ?

Les organisations professionnelles  du cinéma, en Tunisie comme à l’étranger, sont montées à bon droit au créneau, exigeant la libération sans plus tarder du cinéaste. Toutefois, cela ne suffira pas tant que la cause des dépassements n’est pas abolie. Mais les autorités s’y refusent encore au prétexte que l’homosexualité est interdite en islam; ce qui est contesté désormais.

Des livres en vente libre en Tunisie ont démontré que l’interdiction, au vrai, est biblique mais non islamique. Il n’est que du récit dans le Coran rappelant l’histoire des gens de Loth évoquée par la Bible. Et aucun hadith authentique en matière d'homosensualité (le terme que je propose pour homosexualité) n'est consigné dans les deux recensions les plus sûres, celles de Boukhari et Mouselm.

De plus, il a été prouvé que le châtiment de Dieu infligé aux gens de Loth l’a été pour brigandage, pratique qui était le fait de tout le peuple, et non pour homosensualité, qui n’a concerné qu’une infime minorité du peuple.

D’ailleurs, il tombe sous le sens que le peuple de Loth ne pouvait être homosexuel dans son entièreté, sinon il n’aurait pas constitué un peuple. Et Dieu, qui est la justice même, ne peut punir un peuple pour le fait de quelques uns en son sein.

Par contre, il est attesté que l’homosensualité du temps du prophète était considérée universellement une turpitude; or, il est une figure de style dans la langue arabe, qui étend le fait des uns à tous dans le but de les déconsidérer. Et le Coran a été révélé dans la langue des Arabes. CQFD

Contrer le prurit de religiosité

Aujourd’hui, la société tunisienne en mutation est saisie d'un véritable prurit de religiosité. Notre pays est malade de ses zélotes, ces pharisiens de l’islam, qui s’agitent trop pour imposer un ordre moral dépassé. Outre l'homosensualité, on le vérifie en matière d’alcool. Au nom de l’islam qu’ils violent, ces zélotes veulent donc interdire la vente d'alcool, alors que notre religion bien comprise n'interdit que l’ivresse, jamais l’alcool, existant déjà au paradis. 

Par conséquent, les autorités ne doivent plus reculer ainsi qu'elles l'ont fait à El jem; elles ont le devoir de relever le défi ainsi porté à l’État de droit, violant le vivre-ensemble et mettant en péril la transition démocratique du pays.  Elles doivent avoir pour priorité de mettre fin, au plus tôt, aux violations se répétant au respect des droits à la vie privée et à la libre consommation d'alcool. D'autant plus que celle-ci n’est pas interdite par la religion ni n’est néfaste à la santé; sauf en cas d’excès, ce qui ne se limite pas à l’alcool, l’excès en tout étant à proscrire.

La réaction des autorités doit donc être radicale : rappeler la vérité sur ce qui est vraiment interdit en islam et ce qui ne l’est pas. Pour l’alcool, c’est juste l’ivresse, et pour l’homosexualité, juste le fait d’oser avoir en public un rapport normalement intime. Car interdire le rapport homosensuel (ou homosexuel), c’est méconnaître la nature chez certains humains; et ce qui est répandu chez toutes les créatures.

Pour y arriver, il importe d’abolir l’article 230 du Code pénal, cause de tous les maux actuels. En effet, oser le faire permettra de rectifier l’erreur flagrante dans l’interprétation de l'islam, ce qui en a fait une foi obscurantiste, attentatoire aux libertés, alors qu’elle a été la première à respecter libertés et  droits privés.

Ce qui servira également l’État de droit et la démocratie dont la première manifestation et l’acceptation des uns et des autres dans leurs différences. Comme un boomerang, le prurit actuel de religiosité doit déboucher sur une hygiène sévère de la morale, la vraie.

Rappelons, pour terminer, que l’abolition de l’article 230 est exigée par la dernière résolution du parlement européen* comme une condition nécessaire dans le cadre de la réforme de la législation du pays afin de prétendre à un appui plus conséquent de la part de l’Union européenne soucieuse de l'État de droit en Tunisie.

Notons aussi qu’il existe un projet de loi proposé par la société civile et qui a le mérite d'être un texte consensuel respectueux à la fois du droit et de la religion, appelant à abolir l’homophobie en Tunisie avant la célébration, le 17 mai, de la journée mondiale de lutte contre l'homophobie.**

Il semble d’ailleurs que le Maroc s’y prépare déjà, le roi y ayant été fortement sensible à un livre récemment publié rapportant un message céleste qui commande l’abolition de l’article 489, frère jumeau au Maroc  du 230 national.***

Ce livre retrace le drame d’Ihsane Jarfi, un jeune belgo-marocain, pieux musulman gay, tué en 2012 en Belgique tout autant pour son homosexualité que sa foi musulmane. Et le message dit que respecter l'islam, c'est respecter les gays ! La Tunisie abolira-t-elle avant le Maroc cette indignité qu’est l’homophobie ?****   

Notes

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Publié sur Al Huffington Post